Aux Vertus des Plantes
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Cannabis thérapeutique et ses limites

Applications médicales du cannabis

Depuis très longtemps, l’homme utilise le chanvre (nom latin: Cannabis Sativa L.) pour ses fibres et ses graines qui entraient dans la préparation d’aliments à grande valeur nutritive. La culture du chanvre remonte à plusieurs milliers d’années en Chine. Avant notre ère, l’Asie Mineure a été le point de départ de la diffusion du cannabis vers les continents africain et européen, puis, aux XVIe et XVIIe siècles, vers l’Amérique.

Les propriétés psychotropes du cannabis étaient également connues avant l’ère chrétienne et déjà utilisées lors de rites et de cérémonies de guérison. Le chanvre est qualifié de plante sacrée dans le Quatrième des Livres des Véda (Inde, 1500-1300 av. J.-C). elle était considérée comme magique et guérisseuse et dans le Chu-tzu (Chine, env. 300 av. J.-C.). Quant aux nombreuses propriétés thérapeutiques, aujourd’hui redécouvertes, elles étaient surtout connues en Asie centrale, et ont donné lieu à des prescriptions pour traiter certaines maladies neurologiques.

Dans la médecine ayurvédique indienne, le cannabis fait partie des plantes médicinales les plus utilisées. Les préparations à base de cannabis améliorent la qualité du sommeil, permettent de retrouver la bonne humeur, renforcent l’énergie vitale et possèdent des propriétés aphrodisiaques. On administrait du cannabis en cas d’épilepsie, de céphalées, d’hystérie, de névralgies.

Dans le Shen Nung Ben Ts’ao, sont décrites les applications de 300 plantes, dont le cannabis (nom chinois : Má). Le terme « Má » n’est pas sans connotation péjorative, ce qui laisse à penser que les effets secondaires psychotropes étaient déjà connus et souvent qualifiés d’effets indésirables. Lors d’opérations chirurgicales, le célèbre chirurgien chinois Hua T’o (env. 140-200 ans après. J.-C.) recourait au cannabis comme anesthésiant.

Dans le papyrus d’Ebers, datant de l’Egypte pharaonique, le cannabis était utilisé par voie orale, rectale et vaginale, notamment pour soulager les contractions lors de l’accouchement. Les drogues sont fabriquées à partir des produits récoltés sur les plantes de cannabis en fin de floraison. Les plantes femelles sont considérablement plus riches en THC que les plantes mâles.

Les différentes appellations des drogues préparées à partir du cannabis sont le haschich et la marijuana. Le terme de marijuana (herbe de cannabis) vient du mexicain. Il désigne les feuilles et les sommités de la plante. Des noms d’origine anglaise, tels que grass, shit et pot sont également couramment utilisés.

Auparavant, la teneur en THC de la marijuana était significativement plus faible que celle du haschich. Aujourd’hui, il existe des variétés de cannabis pouvant atteindre des concentrations en THC de 10 à 25 %

L’huile de cannabis, dont le taux de THC peut dépasser les 40 %, offre la concentration la plus forte en THC.

Principes actifs thérapeutiques

Aujourd’hui on recense environ 500 constituants naturels du chanvre notamment des acides aminés, des protéines, des sucres, des terpènes, des cannabinoïdes, des flavonoïdes, des vitamines, des hydrocarbures, des alcaloïdes, des aldéhydes, des cétones, des acides gras, des pigments et bien d’autres familles de substances.

Près de 120 de ces composés appartiennent à la seule famille des terpènes, que l’on retrouve dans certaines huiles essentielles.

Chaque plante, prise individuellement, ne contient qu’une partie de l’ensemble de ces 500 molécules naturelles, notamment en fonction de sa variété.

Cannabinoïdes

On a identifié environ 75 types de cannabinoïdes qui se répartissent selon leur structure chimique de base, en dix grands groupes, dont les cinq principaux sont : cannabigerol (CBG), cannabichronae (CBC), cannabidiol (CBD), delta-9-THC (THC) et cannabinol (CBN). Chacun de ces groupes intègre plusieurs types de cannabinoïdes qui se distinguent entre eux notamment par la longueur de la chaîne carbonée constituant ces molécules. Par exemple, neuf types de cannabinoïdes appartiennent au groupe delta-9-THC (THC).

Habituellement seulement trois ou quatre types de cannabinoïdes différents sont présents en concentration significative dans une seule plante, tandis que les autres types ne sont présents qu’en quantités infimes (traces). Les variétés de cannabis à orientation psychotrope, dont sont extraits la marijuana et le haschich, contiennent de fortes teneurs en delta-9-THC allant de 1 à 25 %. Dans le chanvre destiné au textile, en revanche, le taux de cannabidiol (CBD) varie en moyenne entre 0,5 et 1 %. Pour cette variété, et afin d’éviter tout usage à des fins psychotropes, l’Union Européenne autorise un taux de THC maximum de 0,2 %.

Le THC possède un large spectre de propriétés. Ainsi, on lui attribue des effets psychoactifs, mais également la plupart des propriétés médicales concernant ses produits dérivés. Parmi elles, on compte notamment l’effet euphorisant, relaxant des muscles, antiépileptique, antiémétique, sur l’appétit, antibiotique, fébrifuge, bronchodilatateur, tranquillisant, analgésique et réducteur de la pression oculaire. Peut-on évoquer une panacée ? Dans de nombreux pays, les médecins sont autorisés à prescrire du THC, sous sa dénomination pharmacologique internationale

La plus familière et la mieux connue des utilisations du cannabis en médecine moderne est celle d’un antiémétique (traitement des nausées sévères et des vomissements) et cela, notamment, dans le cadre des traitements chimiothérapeutiques ou nucléaires anticancéreux.

EFFETS INDESIRABLES

Le cannabis et le Dronabinol, grâce à leur large spectre d’applications thérapeutiques, peuvent être bénéfiques pour traiter une multitude de maladies et de symptômes. Toutefois ils ne soulagent pas toujours l’ensemble des patients et provoquent parfois des effets secondaires indésirables, voire redoutables.

Paradoxalement, à très forte dose, le cannabis peut déclencher des nausées. Les cannabinoïdes naturels du cannabis agissent sur l’organisme de manière similaire aux endocannabinoïdes, substances endogènes qui exercent une multitude de fonctions dans le corps humain. Ces endocannabinoïdes (du grec endo qui signifie dedans) ou cannabinoïdes endogènes se retrouvent chez les êtres humains, ainsi que chez les vertébrés (mammifères et oiseaux) et un grand nombre d’autres animaux. Les cannabinoïdes naturels, tout comme les endocannabinoïdes, se lient à des sites spécifiques présents à la surface de nombreuses cellules pour déclencher les effets connus. Ces sites spécifiques sont appelés les récepteurs cannabirioïdes. Ensemble, les endocannabinoïdes et les récepteurs cannabinoïdes forment le système cannabinoïde endogène (ou endocannabinoïde) qui joue un rôle important, notamment dans la régulation de l’appétit, dans la perception des informations sensorielles ou celles relatives à la douleur ainsi que dans la coordination des mouvements.

Selon l’endroit où se trouvent ces récepteurs, leur activation va provoquer des effets très différents, par exemple une inhibition des voies nerveuses véhiculant la douleur, une inhibition du processus inflammatoire, une modification de la perception du temps, un sentiment d’euphorie et beaucoup d’autres effets péjoratifs.

Les effets thérapeutiques du cannabis ne sont pas ciblés mais affecte l’ensemble de l’organisme. Cela signifie que l’effet, recherché dans un cas, peut être considéré comme étant indésirable dans un autre cas. Ainsi quand on recherche un effet relaxant sur les muscles, parallèlement la prise de poids due à la stimulation de l’appétit est considérée comme un effet secondaire. Dans d’autres cas, les propriétés sédatives ou modificatrices de l’humeur peuvent également représenter des effets indésirables. C’est ce qui se produit souvent lorsque des doses élevées de cannabis sont nécessaires pour obtenir les effets thérapeutiques recherchés.

Les effets secondaires aigus du cannabis concernent principalement le psychisme et les facultés intellectuelles des consommateurs. Quant aux effets physiques aigus, ils touchent surtout le système cardio-vasculaire.

Effets psychoactifs

Les consommateurs de cannabis récréatifs, en bonne santé, recherchent en premier lieu des effets psychoactifs agréables Les effets psychotropes du cannabis sont généralement décrits comme des expériences relaxantes, de bien-être, d’un état proche de celui du rêve, de modifications de la perception temporelle avec l’impression que le temps dure plus longtemps, d’associations d’idées parfois associées à des troubles de la mémoire à court terme et de perceptions sensorielles accrues.

Il est responsable de l’ivresse cannabique, désignée par le terme « high ». D’autres effets désagréables se produisent, tels que des peurs et de l’anxiété pouvant parfois provoquer des crises de panique. Des phases de grand bien-être peuvent succéder à des phases d’angoise. Si le cannabis, pris à doses minimes, s’avère efficace dans de nombreuses pathologies, on en connaît les revers de la médaille.

Le cannabis et le THC provoquent des troubles de la mémoire, de l’attention, de la réactivité, de la motricité fine et de la coordination locomotrice, diminuant ainsi considérablement la capacité d’effectuer un travail physique complexe, comme conduire un véhicule ou effectuer des tâches nécessitant un important effort intellectuel.

Effets secondaires handicapants

Parmi les possibles effets secondaires physiques aigus figurent la réduction de la salivation accompagnée de sensations de bouche et de gorge sèches, l’accélération du rythme cardiaque, le rougissement des yeux, la baisse de la tension artérielle en position debout, des sensations de vertiges. L’accélération du rythme cardiaque et la baisse de la tension artérielle peuvent représenter des effets dangereux pour des personnes souffrant de troubles cardiaques graves. De nombreux effets sur le système immunitaire, les hormones, les voies respiratoires, le psychisme et la faculté de penser ont déjà été décrits. Des effets nocifs sur les voies respiratoires apparaissent uniquement avec les cigarettes de cannabis.

Certes les dangers que fait courir l’imprégnation cannabique sont moindres que ceux de l’ivresse alcoolique, mais ils sont néanmoins réels. Contrairement au mythe qui veut que personne n’ait jamais été accidenté en utilisant du cannabis, il ne fait aucun doute qu’un certain nombre d’accidents mortels se sont bien produits. En 2011, on a recensé 220 accidents mortels dûs à la prise de cannabis.

Le cannabis altère différentes capacités nécessaires à la conduite automobile, notamment : la capacité à rouler droit, la capacité à évaluer la vitesse et les distances, la vision périphérique et la coordination dans l’exécution de tâches complexes. L’équilibre et la contraction musculaire sont également affectés.

L’un des effets les plus déconcertants du cannabis est qu’il rend étrange les choses les plus familières. Les conducteurs ont soudain l’impression d’être perdus dans le quartier où ils habitent ou bien ils oublient de prendre la bonne sortie d’autoroute.

Des études ont prouvé que le cannabis peut déclencher ou aggraver une schizophrénie, ou une psychose chez des personnes prédisposées à ce type de trouble. Les adolescents sont plus particulièrement concernés.

Pour la plupart des usagers, l’affaiblissement intellectuel est le plus important des effets secondaires indésirables dus à l’intoxication. Le cannabis peut sérieusement interférer avec les capacités intellectuelles telles que la mémorisation, l’attention, la capacité à garder le cap et la coordination motrice dans l’exécution de tâches complexes. Beaucoup de consommateurs ont des difficultés à travailler, à étudier ou à remplir des tâches complexes quand ils sont sous son influence. Certains usagers développent une résistance à ces effets pervers après une période d’utilisation chronique. Ils contrebalancent cet état et ajustent leur activité d’une façon relativement satisfaisante. Sans oublier qu’un certain nombre d’entre eux peuvent subir des effets secondaires sans en prendre conscience dans un premier temps.

Les consommateurs affirment que le cannabis améliore leur productivité, notamment si le travail à exécuter réclame de la créativité et une implication personnelle, ou bien dans le cas de tâches routinières et répétitives qui génèrent l’ennui. Mais aucune étude scientifique n’a pu confirmer ces affirmations.

Des tests psychologiques montrent que les gros usagers de cannabis sont plus facilement distraits de leurs tâches et moins attentifs à maintenir la continuité d’une action. Les problèmes de ce genre sont plutôt le lot de l’usage récréatif abusif et ne seraient pas réellement significatifs pour ceux qui en font un usage thérapeutique. Bien des usagers affirment que le cannabis les soulage lors de la douleur, de l’inconfort physique et des souffrances incapacitantes.

Après trois à quatre semaines d’arrêt de cannabis, les facultés intellectuelles redeviennent normales. En revanche, chez les enfants et les adolescents les effets du cannabis peuvent se prolonger.

Quoi qu’il en soit, n’oublions pas que l’équation bénéfice-risque s’applique à tout remède.

Aujourd’hui, le cannabis vendu dans la rue contient en moyenne 6 % de THC (tétrahydrocannabinol, la principale molécule active du cannabis), les dealers sont des businessmen qui ont très bien compris les règles du capitalisme. En douze ans, le taux moyen de THC a été multiplié par deux. Il était d’environ 6% en 2000, il est aujourd’hui de 12%. Un tiers des résines présente un THC supérieur à 15%. L’année 2012 a vu apparaître des « boules » d’environ 200 g d’une résine marocaine qui affiche un taux record de 25%. Lorsque la police effectue des perquisitions, on s’aperçoit qu’il s’agit de supermarchés où le cannabis côtoie l’héroïne et la cocaïne.

Nous savons, aujourd’hui qu’il existe des stocks mondiaux très importants de cocaïne.

Si le cannabis est légalisé les trafiquants inonderont le marché français de cocaïne, comme cela a été vu au Portugal et aux Pays-Bas et en créant une nouvelle addiction chez les jeunes, qui sont le public le plus sensible.

L’usage du cannabis doit demeurer un interdit sauf dans les applications thérapeutiques à dose très basse.

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